Chanson Douce, Leila Slimani




Je viens ajouter mon avis aux milliers d'autres... Livre lu, archi-lu, commenté, médiatisé évidemment par le prix qu'il a reçu et que je n'avais pourtant toujours pas lu (alors qu'il était dans ma bibliothèque quelques jours après avoir reçu le très convoité Goncourt). Entre deux pavés de la rentrée littéraire, j'ai décidé d'aérer mes lectures avec ce roman court qui prenait la poussière... J'en retardais la lecture car j'appréhendais les éventuelles descriptions du crime, voire même la simple évocation. Autant vous dire que les premières pages ont été difficiles...
 Le préalable obligatoire de cette scène passé, l'auteure nous fait entrer dans l'exégèse de ce crime. Qu'est ce qui peut pousser un être humain à une telle folie?
 Une écriture sèche, juste, distanciée ce qui ne m'a pas empêché de ressentir de la gêne ou de l'antipathie pour les protagonistes. J'ai même eu le sentiment que l'auteure en retraçant le cours des événements et en essayant d'expliquer l'inexplicable place l'empathie du côté de la nounou.
Certains regrettaient que les causes du passage à l'acte ne soient pas plus explicites. Pour ma part, il m'a semblé au contraire, qu'elle égrenait au fil des pages des indices précieux et très clairs qui permettent de répondre à cette fameuse question qui nous taraude: pourquoi? Mais la réponse n'est pas simple, évidemment.
Leila Slimani aborde la psychologie des personnages en essayant de sortir des clichés, des stéréotypes et je trouve qu'elle n'y parvient pas complètement notamment s'agissant du couple/employeur de la nounou (ce qui m'a empêché d'ailleurs de m'identifier à eux).
Elle pose la question de l'aliénation sociale essentiellement, même si la nounou semble également souffrir d'une forme d'aliénation mentale (mais laquelle précède l'autre?).

C'est un livre court qui ne m'a pas tenu en haleine mais qui a su tout de même susciter mon intérêt, notamment grâce à la mécanique mise en place par le procédé narratif et l'investissement affectif de la nounou face à l'indifférence du couple, son malaise à l'égard d'un être mal-aimé et en mal d'amour. Leur inexpérience ne justifie pas le mépris qu'elle leur inspire. Leila Slimani est arrivée à expliquer l'inexplicable sans non plus devenir l'avocat du diable.  Ce livre ne laisse pas indifférent par la réflexion qu'il insuffle au plus profond de nous sur nos sociétés  et certaines nouvelles relations dominés/dominants. De ce point de vue, c'est une incontestable réussite.

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