Et à la fois je savais que je n'étais pas magnifique, Jon Monnard










Quel titre merveilleux pour un roman! Ce titre avait retenu mon attention à la parution du livre de Jon Monnard et je l'avais noté dans ma liste d'envies de lecture. J'ai enfin pris le temps de le lire et ce titre prometteur n'est pas mensonger. Il révèle beaucoup du contenu du roman, de son épaisseur, de sa subtilité et j'oserai, choisissant sciemment la facilité, écrire, que oui, ce roman est magnifique.

Un titre ancré dans la modernité par son originalité et dans la tradition littéraire avec cette référence à Gatsby le magnifique auquel tout lecteur pense.
Le parallèle avec le roman de Fitzgerald n'est pas gratuit. Jon Monnard s'attaque aux mondes (au pluriel) des apparences et dénonce la superficialité d'une époque qui cache le désoeuvrement de la jeunesse, une "jet-set" dépravée et hypocrite. Gatsby le magnifique se situe dans l'après guerre mais décrit également l'illusion des apparences et de la fête permanente qui ne sont que des échappatoires au désenchantement d'une génération.
Le personnage principal, Coska, semble également avoir des traits communs avec Nick Carraday, du moins au début du roman, car il est plus spectateur qu'acteur et porte un regard lucide sur le monde qui l'entoure.
Si la thématique du roman de Jon Monnard a des similitudes avec celle de Gatsby le magnifique, la comparaison s'arrête là.
Le roman débute dans une école d'art que Coska, jeune homme idéaliste, discret, introverti, intelligent et perfectionniste, va abandonner. Un premier monde d'apparences qui devrait être dédiée à la création mais qui n'est qu'uniformisation des idées. A la suite d'un concours d'écriture, il va se retrouver de nouveau propulsé dans un monde de faux-semblants: celui de la mode.
Coska va se perdre dans ce microcosme, ce milieu cruel où règnent la débauche, l'insouciance, les illusions, la superficialité, et l'éphémère. Il va se laisser happer par cette société factice, par ce spectacle des apparences, d'autant plus facilement que l'amour (espéré et redouté à la fois) est peut-être au rendez-vous...
Dans la première et troisième (dernière) partie du roman, l'auteur place le lecteur à distance de Coska par l'emploi de la troisième personne du singulier. Il met ainsi son personnage en perspective pour ensuite, dans la partie centrale, passer à l'emploi de la première personne et permettre au lecteur d'entendre la voix de Coska. En accédant à son intériorité, le lecteur va comprendre comment ce jeune homme va se laisser entrainer et se bercer d'illusions alors qu'il semble conserver toujours un regard critique sur le monde qui l'entoure. Il permet aussi au lecteur de ressentir ses émotions et de vivre l'aventure à ses côtés.
Ce roman d'apprentissage (dans la douleur) est une belle réflexion sur la superficialité de notre société. L'auteur y dépeint avec subtilité et justesse les sentiments éprouvés par Coska tout au long du roman, personnage solitaire, sensible et attachant. La justesse de mots, la plume atypique, et les métaphores originales de l'auteur font mouche et permettent de ressentir l'épaisseur du personnage alors que le roman est court.
Une écriture belle, dense et percutante qui plonge dans la violence d'un monde (au final d'une société) reposant uniquement sur les apparences, passant au crible les travers des réseaux sociaux et de ses gloires éphéméres. Un roman qui nous montre une jeunesse désœuvrée et en manque de repères, mais porteur d'espoir...

"Je suis le produit d'un esprit qui ne sait pas ce qu'il veut dans une génération inquiète" Fitzgerald.

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